DÉCOUVRIR /LE PATRIMOINE

Il faut remonter au XIème siècle et les premières habitations construites au bout de l’île d’Ars, pas encore rattachée à celle de Ré, pour dater le premier peuplement d’un bourg primitif naturellement appelé alors Les Portes d’Ars. Marais salants et terres cultivées vont ensuite occuper les hommes et couvrir la grande majorité d’un territoire guère épargné durant les XVIème et XVIIème siècles par les guerres de religion et les nombreux débarquements sur des plages tant prisées aujourd’hui. 

Erigée en commune en 1790, Les Portes-en-Ré, le nom donné depuis le siècle précédent, vit pendant plusieurs décennies de la récolte du sel, voire de la vigne. Avec le déclin de ces deux ressources économiques au cours du XXème siècle, le village décline, perd une partie de ses habitants jusqu’à ce que l’essor du tourisme initié après la seconde guerre mondiale redonne un nouveau souffle à la commune. Si l’on en croit le nombre de visiteurs répertoriés chaque année aux Portes, cet engouement n’est pas prêt de se tarir. En route pour un tour d’horizon des vestiges de l’histoire portingalaise…

LA CHAPELLE DE LA REDOUTE

(route du Fier)

Construite en 1674 sur des plans de Vauban pour protéger l’arsenal de Rochefort et prévenir d’un éventuel débarquement sur le banc du Bûcheron, la Redoute sera abandonnée en 1854 mais garde encore un vestige de mur sur la plage du même nom. Surtout, le magasin à poudre, édifié à la Révolution, trouvera une nouvelle vocation quand la population locale le convertira en chapelle. Dominant la dune, l’ancienne poudrière offrira son cadre à de nombreuses processions et se verra ornée d’une statue de la Vierge offerte par les marins d’un trois-mâts prussien victimes d’un naufrage et sauvés de la noyade par des habitants des Portes. Placée sur le toit de l’édifice, la Madone sera mise à l’abri par les fidèles dans l’église du village avant que les Allemands ne rasent le bâtiment en 1941. 45 ans après, la chapelle de la Redoute a été reconstruite à l’identique par des passionnés de l’histoire locale, et la vierge de pierre a depuis retrouvé sa place originelle.

EGLISE SAINT EUTROPE

(rue de la Cure)

D’abord simple chapelle quand les moines accompagnant les colons demandent la construction d’un édifice religieux au XIIème siècle, ce dernier prend une configuration plus imposante avec l’accroissement de la population. Ainsi, en 1610, il se présente sous forme d’un bâtiment rectangulaire, avec en façade un mur pignon surmonté d’une cloche. A l’aube du XVIIIème siècle, une église à part entière voit le jour, avec notamment l’allongement de la nef. C’est aussi à cette époque qu’une partie du mobilier et des ornements encore visibles aujourd’hui y prennent place. Après plusieurs décennies pendant lesquelles son état s’était dégradé, l’église va retrouver de sa superbe, quelques dons comme le tableau de la Vierge à l’enfant ou encore l’ex-voto suspendu à la voûte venant embellir l’intérieur. Après l’édification du presbytère en 1858, le monument historique situé à deux pas de la Place de la Liberté sera intégralement rénové au début des années 2000.

L’ANCIENNE GARE

(rue de la gare)

Outre l’ex-gare, deux hangars en bois, situés à proximité et abritant aujourd’hui le centre des pompiers, témoignent du petit train qui achemina des milliers de voyageurs du sud au nord de l’île, avec un terminus aux Portes…Ainsi, entre 1898 et 1935, ce « tortillard » parcourait 36 kilomètres de voies de chemin de fer et desservait toutes les commune rétaises, exceptée Loix. D’abord destiné à transporter des marchandises, puis les premiers « baigneurs » attirés par Ré, ce moyen de transport  pittoresque commença à souffrir dans les années 20 de la concurrence des premiers autobus et des voitures. Remise en état par l’armée allemande lors de l’Occupation, la voie ferrée qui suivait le tracé de l’actuelle piste cyclable de la forêt de Lizay sera définitivement abandonnée en 1947, puis les rails progressivement démontés. 

LA MAISON-PHARE
DE TROUSSE-CHEMISE

(route du Feu du Fier)

Allumé pour la première fois (le Feu du Fier) en 1875, ce phare constitué d’une tourelle, d’une lanterne visible à 20 kilomètres et d’une maison où logeait le gardien de l’endroit, montrait jadis aux marins la direction à prendre pour entrer dans le Fier d’Ars, entre le banc du Bûcheron et l’estran de Loix. Après le raccordement au réseau électrique en 1955, l’automatisation effective du phare en 1985 provoquera le départ du dernier gardien avant que, en 2006, cet édifice qui se dresse toujours en lisière de la fameuse forêt de Trousse-Chemise ne soit définitivement plus en service.

LE VIEUX PORT 

(route du Vieux Port)

A l’heure où aucune route praticable ne reliait le village agricole des Portes au reste de l’île, le vieux-port, d’abord simple charge (quai en pierres), puis agrémenté en 1853 du pont emprunté aujourd’hui par la piste cyclable prenant la direction d’Ars-en-Ré, fût un lieu d’acheminement (bétail, céréales, charbon…) et de chargement (sel, vin…) de marchandises. En 1914, deux hangars à sel seront construits juste à côté, laissés progressivement à l’abandon au fur et à mesure que le réseau routier prenait de l’importance. Si l’un a été démonté pour être reconstitué au centre du village (au n°7 de la rue du Printemps), l’autre a été restauré sur place et abrite maintenant la Maison du Fier, un espace muséographique dédié au patrimoine naturel local.

LES ECLUSES À POISSONS

Derniers vestiges des grandes pêcheries en pierre sèche qui ont fleuri sur les côtes d’Aunis et de Vendée à partir du XVème siècle, ces enclos fixes construits sur l’estran ont la forme d’un fer à cheval et servent à piéger le poisson. Le principe est simple : à marée descendante, les digues de pierre envoient l’eau de mer vers des petites ouvertures grillagées qui emprisonnent les poissons se trouvant à l’intérieur de l’écluse. Si l’on recensait sur l’île de Ré jusqu’à 140 pêcheries de ce type au début du siècle, on en dénombre aujourd’hui 13, dont 3 sur le territoire portingalais : la Grande écluse (plage du Grand Marchais), l’écluse de la Chiouse (plage de l’Anzin) et l’écluse de la Providence (plage de la Redoute).

AMER DE LA RIVIERE

(route du Petit Bec)

Construit en 1865, quand le Lizay n’était pas encore boisé, cet édifice, haut de 7 mètres et reconnaissable à sa lucarne au sommet, servait de point d’alignement entre le phare des Baleineaux et l’entrée du Fier d’Ars. Noyé maintenant dans la végétation, il se dresse toujours tout près du hameau de la Rivière qui marque l’entrée de la commune des Portes-en-Ré.

LES PUITS

Avec sa forme caractéristique en « pain de sucre » pour protéger l’eau des vents marins et des poussières, ce puits visible rue de Trousse-Chemise et restauré par l’Association de sauvegarde du petit patrimoine des Portes-en-Ré (A4P) comme 25 autres visibles encore aujourd’hui dans l’angle d’une place, à l’entrée d’un petit dégagement ou d’une venelle, fait partie des nombreux témoignages du passé rural du village. Ainsi, pour leurs besoins en eau douce, les habitants, probablement dès leur installation sur le territoire de la commune, creusèrent des puits communs. On en trouve donc encore plusieurs en excellent état de conservation, comme celui de la Place de la Liberté ou celui entièrement construit en pierre de taille de la forêt de Trousse-Chemise. Un parcours de découverte de ces puits a été mis en place et est disponible à l’Office de Tourisme des Portes.

LA MAISON DE LA DUNE 

(chemin à gauche avant l’entrée de plage du Petit-Bec)

Offrant une vue exceptionnelle sur la Conche et le Phare des Baleines, cette bâtisse posée en lisière de la forêt du Lizay a d’abord eu une fonction de stockage de graines pour le service des Eaux et Forêts lorsqu’elle fût édifiée en 1852. D’abord baptisée Cabane des Fontaines du fait du ruissellement d’eau douce à travers la dune qu’elle domine, cette propriété forestière a été sauvée de la destruction par l’association de sauvegarde du patrimoine local A4P avant de devenir Maison de la Dune en 2009. Ouvert au public, ce lieu dédié à l’information sur les enjeux de la protection de l’environnement, alerte notamment sur la nécessité de respecter l’équilibre de l’écosystème qui l’entoure.

Voir le projet sur le site de l’association A4P

LE PIGEONNIER

(chemin du Pigeonnier)

Construit à la fin du XVIIème siècle, cet édifice cerné maintenant par des constructions récentes reste visible au bout de l’impasse du Pigeonnier. Remarquable par son voûtement en arc de cloître et sa couverture en pierres, il l’est aussi par ses plus de 300 boulins, des petites niches où les pigeons venaient pondre.

Voir le projet sur le site de l’association A4P